Chaire UNESCO Centre collaborateur OMS "EducationS et Santé" Education à la santé, Prévention, Promotion de la santé des enfants et des jeunes
 
Éducation et santé : faire de la recherche au plus près des gens

Éducation et santé : faire de la recherche au plus près des gens

Les webinaires ÉducationS & Santé

Webinaire du 3 juin 2020

Aurélie Maurice,  Maître de conférences en Sciences de l’Education, membre du Laboratoire Educations et Pratiques de Santé (LEPS) EA 3412, Université Sorbonne Paris Nord

Français

Introduction :

Dès lors qu’il s’agit d’aborder des questions qui touchent directement les personnes, telles que celles de santé ou d’éducation, on ne peut faire abstraction de ce qu’elles en pensent ! Comprendre le sens que donnent les individus à leurs pratiques et comportements est un enjeu central en éducation à la santé et en promotion de la santé.

Il ne suffit évidemment pas de dire à une personne ce qui est bon pour sa santé pour qu’elle en tienne compte en termes d’habitudes de vie. Par exemple, lorsque l’on s’intéresse aux raisons qui poussent les gens à marcher à pied ou à prendre une voiture, la recherche montre que le fait de disposer d’espaces dédiés à la marche ou à la pratique du vélo, la qualité de l’environnement, la qualité des infrastructures récréatives, le degré d’urbanisation, la sécurité sur la route, le caractère vallonné du secteur à un impact sur les pratiques physiques. Ainsi, l’éducation à la santé ne peut consister à dicter des comportements sur un mode paternaliste, elle doit créer les conditions réelles d’une amélioration de la santé de tous. La perspective d’ensemble est celle de l’accompagnement du changement social via l’intervention sur les déterminants environnementaux d’une part et les habitudes de vie d’autre part. Ceci ne peut se faire que si on n’est capable de prendre au sérieux et de comprendre le point de vue des gens ! L’observation des personnes dans différents contextes et sur un temps relativement long permet de saisir les logiques qui les conduisent à adopter certains discours ou comportements en lien avec la santé.

Comment agir concrètement et de façon durable sur le terrain notamment dans les espaces les plus désavantagés reste la question centrale. Tout d’abord, au-delà de l’observation des comportements (la science des problèmes), il nous faut renforcer et structurer les dispositifs de production de connaissance sur les organisations qui permettent de promouvoir la santé des gens là ou ils où vivent (la science des solutions). Il existe une grande richesse à la fois de pratiques (dans différents milieux et auprès de publics variés) et de données de recherche mais la perspective est souvent ce que l’on appelle le “solutionnisme” – il y a un problème, il y a une bonne solution, nous devons juste l’implanter. Il nous semble important de souligner qu’au-delà des caractéristiques des interventions, il est décisif de comprendre le point de vue des gens, le sens qu’ils donnent à leur action et d’identifier les mécanismes de transformation au sein des différents milieux concernés (villes, écoles, clubs sportifs, lieux de travail…). Aujourd’hui, la priorité est d’améliorer la qualité de l’environnement et des services rendus avec les gens plutôt que de tenter d’implanter une intervention universellement efficace. Autrement dit de développer au-delà de la science de l’implantation, une véritable science de l’amélioration en contexte.  Passer des paroles aux actes, produire avec les personnes concernées des données opérationnelles, partager les connaissances, accompagner les familles, les élus, les bénévoles, les professionnels de santé, de l’éducation… Ce renouvellement des pratiques de santé publique passe par la création de nouveaux écosystèmes de production et de partage des connaissances au service de l’action. C’est ce à quoi il convient de s’attacher aujourd’hui dès lors que l’ambition et d’améliorer la santé de tous et de réduire les inégalités.

La contribution du Laboratoire Educations et Pratiques de Santé (LEPS) EA 3412 à l’Université Sorbonne Paris Nord est de ce point de vue décisif. Aurélie Maurice proposera une réflexion sur les approches ethnographiques qui prennent le temps de comprendre la complexité d’un phénomène et montrera comment elles peuvent s’avérer alors particulièrement riches en enseignement pour tous les acteurs de la promotion de la santé, les chercheurs et les futurs acteurs en formation.

Introduction par le Pr. Didier Jourdan, titulaire de la Chaire UNESCO et Centre collaborateur OMS ÉducationS & Santé


Ce qu’a dit notre invitée

Ce webinaire aborde la question centrale de la recherche en tant que pratique en répondant aux trois questions suivantes :

Pourquoi faire de la recherche au plus près des personnes (enfants, jeunes, adultes, personnes âgées, malades) ?
Quelles approches permettent de saisir sans les trahir les pratiques des personnes ?
Comment les approches ethnographiques peuvent-elle contribuer au renouvellement des pratiques en promotion de la santé ?

Vidéo intégrale du webinaire

La présentation ppt du webinaire


Les contributions des participants

Les sondages

Selon vous, quels sont les principaux obstacles (réels ou supposés) au développement des recherches qui s’intéressent à l’expérience personnelle des gens ? Coter de 1. Pas du tout d’accord à 2. Tout à fait d’accord

Vos suggestions pour saisir sans les trahir les contributions des personnes ?

De votre point de vue (de professionnel, d’étudiant, de citoyen, de chercheur…), quelles devraient être les priorités pour la recherche en promotion de la santé?

Les commentaires des participants

Continuons ensemble la discussion !

Envoyez-nous vos commentaires, vos suggestions, partagez vos ressources à l’adresse suivante : webinar@unescochair-ghe.org. Nous serons heureux de les publier sur cette même page afin de prolonger ensemble le débat.


Les ressources

Bibliographie générale

  • Elias, Norbert, and John L. Scotson. 1997 (1965). Logiques de l’exclusion (Pocket: Paris).
  • Favret-Saada, Jeanne, 1977.  Les mots,  la mort, les sorts. La sorcellerie dans le Bocage. Paris: Gallimard.       
  • James, Allison, and Alan Prout. 2010 (1ère édition: 1997). Constructing and Reconstructing Childhood (Routledge: Oxon).
  • Lahire, Bernard. 2005. L’homme pluriel. Les ressorts de l’action (Armand Colin: Paris).
  • Lepoutre, David. 1997. Coeur de banlieue (Odile Jacob: Paris).
  • Lignier, Wilfried. 2008. “La barrière de l’âge. Conditions de l’observation participante avec des enfants”, Genèses: 20-36.
  • Mandell, Nancy. 1988. “The least-adult role in studying children”, Journal of Contemporary Ethnography, 16: 133-467.
  • Peretti-Watel, P., Moatti, J.P.. 2009. Le principe de prévention. Le culte de la santé et ses dérives (Editions du Seuil et La République des Idées: Paris).
  • Régnier F., Masullo A., 2009, Obésité, goûts et consommation. Intégration des normes d’alimentation et appartenance sociale, Revue française de sociologie, vol. 50, n°4
  • Sirota, Régine. 2006. Eléments pour une sociologie de l’enfance (Presses Universitaires de Rennes: Rennes).
  • Woods, Peter. 1990. L’ethnographie de l’école (Armand Colin: Paris).

Articles d’Aurélie Maurice en lien avec le webinaire

  • Maurice, Aurélie. 2015. ‘L’ambivalence du bonbon dans les interactions entre préadolescents au collège (France)’, Anthropology of food [En ligne], 9.
  • Maurice, Aurélie. 2013. ‘L’éducation alimentaire en collège à l’épreuve de l’histoire familiale des élèves’, Recherches familiales: 127-37.
  • Maurice, Aurélie. 2015. ‘Mac Donald’s, une appropriation socialement située par les adolescents.’ in Jocelyn Lachance, Philippe St-Germain and Louis Mathiot (eds.), Marques cultes et culte de la marque chez les jeunes. Penser l’adolescence avec la consommation (Presses de l’Université Laval).
  • Maurice Aurélie, 2018-2019, « Des adolescents vecteurs de messages nutritionnels au sein de leur famille. L’éducation alimentaire au collège », Revue des politiques sociales et familiales, n°129-130.